Rapha a su transformer le cyclisme en un véritable mode de vie. Grâce à une identité forte, un design soigné et une stratégie omnicanale, la marque a créé une communauté fidèle autour de ses produits. François Convercey, CEO de Rapha, nous livre les secrets de cette réussite, de la naissance de la marque à son évolution, tout en dévoilant comment entretenir cette connexion unique avec ses passionnés.
Nous sommes allés à la rencontre de Thibault Le Treut, un jeune entrepreneur audacieux qui a su transformer sa passion en une entreprise innovante. À travers son parcours et la création de Check & Visit, il nous plonge dans l'univers de la proptech et dévoile les défis et les succès qui jalonnent cette aventure technologique.
Quelles sont les grandes étapes de votre parcours ?
Je me suis tourné très tôt vers l’entrepreneuriat. À 11 ans, je réalisais mon premier business plan : un refuge pour les petits singes en voie d’extinction. À 15 ans, j’ai lancé ma première entreprise, Kkw8 Skateshop, pour laquelle j’importais et je revendais des skateboards et du textile dans toute la France sous forme de ventes privées. J’ai également monté des événements, comme des festivals. À mes 18 ans, je me suis retrouvé à devoir gérer les biens de mes parents, j’ai tout appris en autodidacte grâce à des livres et des forums. À 23 ans, j’investis moi-même dans un immeuble à Rennes. À 26 ans, avec mon ami d’enfance Matthieu Prestigiacomo, nous créons Check & Visit.
Comment est née l’idée de Check & Visit ?
L’idée m’est venue en 2017, au tout début des visites virtuelles. J’étais propriétaire mais je vivais à l’étranger : très rapidement la gestion des visites et celle des états des lieux est devenue un problème. En cherchant, je me suis aperçu que les acteurs étaient souvent de petites entreprises très peu digitalisées ou des structures issues de grandes entreprises avec une expérience utilisateur qui ne me convenait pas. Créer une solution technologique transparente et de confiance s’est donc imposé comme une évidence.
Qu’est-ce que Check & Visit transforme ?
Check & Visit est la première plateforme de données immobilières et d’optimisation de la gestion d’actifs. Concrètement, elle propose de réaliser, avec un téléphone ou une tablette, un double numérique du bien à l’entrée des locataires, basé sur des photos et des descriptions détaillées. À la sortie, grâce à un système de comparaison automatique, une synthèse liste les différences imputables au locataire. Une grille de vétusté est intégrée à la solution pour prendre en compte l’usure normale des éléments. Les états des lieux sont certifiés RGS et assurés par AXA. Toutes ces données liées à la modélisation 3D du bien sont par ailleurs accessibles via une application. C’est devenu un véritable tiers de confiance entre gestionnaires d’actifs et locataires car tout est basé sur des faits : nous réduisons les litiges par 4.
Pourquoi avoir choisi ce secteur ?
C’est l’immobilier qui m’a choisi, finalement ! Je crois que Check & Visit apporte une réelle plus-value aux acteurs de l’immobilier en agissant à plusieurs niveaux cruciaux. D’abord, notre technologie de pointe permet d’avoir de l’exactitude, et donc de la réassurance du côté locataire comme du côté du gestionnaire d’actifs. Ensuite, nous permettons de gagner un maximum de temps et de libérer les équipes de tâches très chronophages. Dans le contexte d’un marché de la location complètement grippé, ce type d’outils permet de remettre les biens sur le marché beaucoup plus vite aussi, par exemple.
Quelles sont les grandes tendances de la proptech selon vous ?
Après une année 2023 particulièrement difficile pour la proptech, prise entre la crise immobilière et la crise des financements dans la tech, 2024 devrait être une année plus transitoire. D’ici la fin d’année, d’après plusieurs études et analystes, le marché immobilier devrait doucement retrouver son équilibre : c’est une bonne nouvelle pour tous les acteurs de l’écosystème. Par ailleurs, la consolidation du marché de la proptech devrait se poursuivre : les modèles économiques non-viables seront rudement mis à l’épreuve. Les startups vont devoir répondre à des enjeux critiques au risque de ne pas trouver leur place ou de se voir remplacées. Enfin, la rénovation énergétique et la décarbonation du bâtiment devraient être les segments qui tirent la proptech vers le haut cette année, en réponse notamment à de nouvelles réglementations.
Quel mindset/vision adopter quand on veut mettre en place ce genre de projet ?
Quand on se lance dans un projet Proptech, il faut avant tout adopter un état d'esprit agile et tourné vers les solutions. Nous avons très vite réalisé que la clé est de comprendre profondément les défis auxquels l'industrie immobilière est confrontée. Cela signifie écouter attentivement les acteurs du secteur, des agents immobiliers aux propriétaires, pour vraiment saisir leurs besoins et leurs frustrations. Il faut être prêt à penser en dehors des sentiers battus. L'innovation ne vient pas en restant dans sa zone de confort. Il faut avoir un mindset qui combine écoute, créativité et vision à long terme.
Quels sont les grands challenges rencontrés par Check & Visit aujourd’hui ?
Les biens à la location ont dégringolé en 2023, cela veut dire moins d’entrées et de sorties, et forcément nous avons donc été impactés. Nous en profitons donc pour nous diversifier : nous nous ouvrons à d’autres marchés autour de la collecte des données. Des annonces seront faites en 2024.
Quelles ont été les grandes étapes de construction de Check & Visit ?
La pandémie a vraiment mis en lumière le besoin d'une solution pour les états des lieux dématérialisés. On s'est rendu compte que bon nombre d'acteurs de l'immobilier étaient prêts à déléguer cette tâche, car pour eux, c'était vraiment une corvée.
C'est à partir de ce constat que Mathieu, Sylvain et moi avons lancé Check & Visit en 2018. On a démarré avec nos premières centaines d'états des lieux dématérialisés, mais on a rapidement rencontré des obstacles. Le design de l'application qu'on utilisait ne permettait pas une objectivité totale, et nos clients, malgré les gains de productivité, voulaient quand même garder le contrôle sur leur patrimoine.
C'est là que l'idée de scanner le logement en 3D à l'entrée et à la sortie est née. On voulait superposer les deux scans pour repérer les différences. Avec l'arrivée de Sylvain, qui est un véritable magicien de l'IA, on a vraiment pris conscience de la valeur de ce qu'on était en train de créer. Il a été essentiel dans le développement de notre application pour collecter et annoter les données, et pour entraîner l'IA à repérer les dégradations.
C'est à ce moment-là qu'on a réalisé qu'on pouvait aller plus loin. On s'est concentrés sur l'optimisation de la gestion d'actifs de l'habitat, en mettant l'accent sur la collecte de données immobilières pour accélérer la transition énergétique. On avait là une opportunité de créer quelque chose de vraiment impactant pour le secteur de l'immobilier.
Quels sont les ingrédients nécessaires pour réussir une transformation dans la proptech ?
Les ingrédients nécessaires pour réussir une transformation dans la proptech sont une compréhension approfondie des besoins du marché, une innovation constante, une collaboration étroite avec les acteurs du secteur et une capacité à s'adapter rapidement aux évolutions technologiques.
Quels hard/soft skills avez-vous dû apprendre pour arriver là où vous êtes aujourd’hui ?
J'ai dû développer à la fois des compétences techniques solides, notamment en programmation et en gestion de projet, ainsi que des compétences interpersonnelles telles que la communication efficace, le leadership et la résolution de problèmes.
Quelles sont les erreurs que vous voyez le plus fréquemment ?
Les erreurs les plus fréquentes incluent le manque de validation des idées auprès du marché, une mauvaise gestion des ressources (humaines ou financières) et une focalisation excessive sur les fonctionnalités plutôt que sur la résolution des problèmes des clients.
Un conseil contre-intuitif à partager ?
Un conseil contre-intuitif que je partagerais est de ne pas avoir peur de prendre du recul et de ralentir parfois pour mieux avancer. Dans l’écosystème startup tout a tendance à aller très vite, mais c’est parfois en acceptant de ralentir et de ne pas être le premier qu’on atteint nos objectifs.
Comment le “faire ensemble” se traduit chez Check & Visit ?
Le “faire ensemble” chez Check & Visit se traduit surtout par l’idée de constamment vouloir repousser les limites, de se challenger, de s’améliorer. C’est notre façon de dire que l’on travaille tous ensemble vers un objectif commun : changer l’immobilier de façon positive et pérenne.
Comment mettez-vous en place votre agilité ?
Check & Visit est une startup de l’immobilier et c’est bien là qu’est notre focus, mais nous ne nous limitons pas. Nous avons développé des technologies de pointe qui pourraient tout aussi bien convenir à d’autres secteurs. Nous avons aussi entamé une stratégie d'acquisition pour grandir et faire évoluer nos offres.
Quelle place a l’expérience collaborateur au sein de Check & Visit ?
Nos collaborateurs sont au coeur de la machine, et sans eux, elle serait très difficile à faire tourner. Alors si nous sommes exigeants nous sommes tout aussi bienveillants avec eux, le but étant qu’ils restent le plus longtemps possible. À titre d’exemple, nous organisons des séminaires trimestriels où les collaborateurs ont carte blanche !
Comment Check & Visit révèle le potentiel de chacun ?
Nous encourageons la prise d’initiative et sommes toujours à l’écoute des propositions des collaborateurs. Nous mettons en place des plans de développement individuels pour aider chacun à grandir dans son rôle.
Il y a toujours un revers de la médaille. C’est quoi la face cachée de la transformation de la proptech ?
Je dirais la résistance au changement. Le secteur immobilier compte beaucoup d’acteurs traditionnels qui peuvent parfois être réticents à adopter des nouvelles technologies. Pour les convaincre, il faut que la valeur ajoutée soit importante et réponde à un véritable besoin.
Comment savoir si on doit écouter ses doutes et ses craintes ?
Il faut toujours les écouter, mais aussi les analyser. Parfois, doutes et craintes sont justifiés mais sont aussi le signe que ce que vous vous apprêtez à faire sera grand. C’est parfois en prenant des risques mesurés qu’on avance vraiment, en sortant de sa zone de confort.
Un tabou dans votre secteur dont vous aimeriez parler ?
Je dirai le deux poids deux mesures qu’il existe entre l’immobilier tertiaire et l’immobilier résidentiel. Le tertiaire est souvent source d’innovation, poussé par de nombreuses régulations, là où le résidentiel est un peu plus épargné. Pour réellement porter le secteur vers sa transition environnementale, les deux seront nécessaires. En plus de davantage de collaboration entre les différentes strates administratives décisionnaires.