Parole de pousse : Japet

Antoine Noel, dirigeant de Japet Medical, raconte son parcours d'ingénieur en robotique et santé, de ses études à Centrale-Lille et au MIT à la fondation de Japet. Il décrit les défis de la transformation dans le secteur médical, l'importance de l'innovation et du financement, et l'approche collaborative de son entreprise pour améliorer la santé au travail.

Jeune pousse
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Parole de pousse : Japet
Date
14/6/24
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Antoine Noel, cofondateur et dirigeant de Japet, nous a raconté son parcours, débutant par une formation en ingénierie à Centrale-Lille, où il a développé une passion pour la robotique appliquée à la santé. De ses premières expériences avec des prothèses bioniques à son immersion au MIT, Antoine a constaté le potentiel immense mais souvent sous-exploité de la robotique dans la vie quotidienne. C'est cette observation qui l'a conduit à explorer le domaine des exosquelettes, une technologie qu'il a approfondie lors d'un stage au CEA. La rencontre avec des experts en textile et médical a catalysé la naissance de Japet, une entreprise innovante dédiée à transformer la santé au travail en proposant des solutions concrètes et efficaces contre les douleurs dorsales. Antoine évoque avec nous les défis et succès de cette aventure entrepreneuriale, les compétences indispensables qu'il a acquises, et les stratégies qui permettent à Japet de croître rapidement dans un secteur rigoureux et exigeant.

Qui êtes-vous ?

J'ai suivi une formation d'ingénieur à Centrale-Lille, avec une spécialisation en robotique et en santé. C'est au cours de ces études que j'ai travaillé sur des prothèses de main bioniques destinées aux enfants. Ce projet a marqué le début de mon intérêt pour la robotique appliquée à la santé. Par la suite, j'ai été quelque peu déçu par l'impact limité de la robotique dans la vie quotidienne, malgré les promesses de robots domestiques depuis plus de 20 ans. C'est ainsi que je me suis intéressé aux exosquelettes, notamment lors d'un stage au CEA, où j'ai découvert leur potentiel à allier la puissance mécanique des robots et la capacité d'adaptation humaine. Après une année d'études au MIT, j'ai décidé de fonder Japet, spécialisée dans les exosquelettes, suite à une rencontre avec deux entrepreneurs lors d'un retour en bateau des États-Unis.

Comment est née l’idée de Japet ?

L'idée de Japet est née de la rencontre d'expertises diverses entre les fondateurs, notamment en textile, médical et robotique. Ce qui a commencé par une idée simple de "tirer sur le dos des gens pour les soigner" a évolué vers une solution innovante et unique dans le domaine médical, offrant un soutien aux personnes en mouvement.

Qu’est-ce que Japet transforme ?

Japet transforme le statu quo dans les entreprises, en particulier dans celles où les employés souffrent de douleurs dues à des tâches répétitives ou à des postures inadaptées, malgré les avancées en automatisation et en ergonomie. Notre solution offre une alternative pour améliorer la santé au travail et réduire la douleur dorsale.

Pourquoi avoir choisi ce secteur ?

Le choix de ce secteur s'est imposé à moi car je souhaitais avoir un impact significatif grâce à la technologie. Avec une formation en technologie au MIT et en innovation et marché à HEC, j'étais convaincu de l'importance d'apporter des solutions concrètes aux problèmes actuels, en combinant les défis du hardware, du médical et de la technologie.

Qu’apportez-vous à votre secteur ?

Nous apportons une expertise technique unique dans l'intégration de la robotique dans des textiles conformes aux normes médicales, et nous faisons le lien entre le médical et la santé au travail. Nous validons nos technologies avec des études cliniques approfondies pour garantir leur efficacité et leur sécurité.

Quelles ont été les grandes étapes de construction de Japet ?

La construction de Japet a suivi un parcours classique, débutant par le développement et le prototypage de notre technologie, suivi par une phase d'industrialisation et d'évaluation clinique et réglementaire. Après un pivot stratégique vers la santé au travail, nous avons élargi notre offre pour inclure des services complets autour de notre technologie, permettant une intégration efficace dans le monde du travail. Actuellement, nous sommes en phase de croissance, avec un chiffre d'affaires en France qui double chaque année.

Quels sont les ingrédients nécessaires pour réussir une transformation dans les medtechs ?

La question est intéressante car le secteur des medtechs est souvent complexe à transformer en raison des fortes contraintes réglementaires, des marchés limités et des exigences en matière de revendications. De plus, la réglementation sur les modifications de produits et de production rend le processus peu agile. Pour réussir une telle transformation, il est essentiel de disposer de financements adéquats et d'une grande résilience. De plus, une validation sur le marché est indispensable. Par exemple, nous avons dépensé environ 4 millions d'euros avant de réaliser notre premier euro de chiffre d'affaires. Pour réussir notre pivot, nous avons réinvesti 2 millions d'euros supplémentaires. Cela montre l'importance de combiner financement à long terme et vision stratégique.

Quels hard/soft skills avez-vous dû apprendre pour arriver là où vous êtes aujourd’hui ?

Au fil de l'évolution de mon entreprise, j'ai dû acquérir un ensemble de compétences techniques et stratégiques. Initialement ingénieur en Data Science, j'ai dû me familiariser avec la mécanique, la conception et le prototypage. Par la suite, j'ai développé des compétences en industrialisation et en compréhension de la réglementation médicale. Parallèlement, j'ai appris à évaluer les besoins du marché et à construire des discours commerciaux efficaces. Actuellement, je me concentre sur le pilotage financier de l'entreprise, crucial pour les levées de fonds. Du côté des soft skills, la communication s'avère primordiale, que ce soit en interne, avec les partenaires ou les investisseurs. Une capacité à projeter une vision et à mobiliser les équipes autour de cette vision est essentielle pour mener à bien des projets à long terme.

Quelles sont les erreurs que vous voyez le plus fréquemment ?

Dans le secteur médical, une erreur courante est de viser un marché trop vaste dès le départ. Il est souvent préférable de commencer par une niche, surtout en B2B, avant de s'étendre. Une autre erreur fréquente est de sous-estimer le prix de sa solution, ce qui peut compromettre la rentabilité de l'entreprise à long terme. Enfin, certaines entreprises commettent l'erreur de ne pas finaliser et tester suffisamment leur produit avant de le lancer, ou au contraire, elles passent trop de temps sur le développement, retardant ainsi leur accès au marché. Trouver le bon équilibre entre la réglementation et l'innovation est crucial pour le succès dans le domaine médical.

Un conseil contre-intuitif à partager ?

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le domaine des dispositifs médicaux et du hardware n'est pas nécessairement plus difficile en raison de la concurrence moindre. Bien que l'expertise technique soit exigée, il existe moins de concurrents dans ce secteur, ce qui peut être une opportunité. C'est un domaine qui peut sembler intimidant en raison de ses exigences techniques, mais il offre également des perspectives intéressantes en termes de développement et d'innovation.

Comment le "faire ensemble" se traduit-il chez Japet ?

Chez Japet, le "faire ensemble" se manifeste notamment dans notre capacité à nous mobiliser collectivement pour surmonter les défis. Par exemple, l'année dernière, face à un problème de production, toute l'équipe s'est spontanément impliquée dans la fabrication. Cela témoigne de notre alignement autour de notre mission, qui est d'apporter des solutions concrètes et efficaces pour améliorer la santé au quotidien. C'est cette passion commune qui nous unit et nous pousse à travailler ensemble vers nos objectifs.

Comment vous mettez en place votre agilité ?

L'agilité chez Japet repose sur une combinaison subtile entre l'adaptation aux exigences réglementaires du secteur et la réactivité aux besoins du marché. Nous avons développé en interne une expertise pointue en matière de qualité et de réglementation, ce qui nous permet de naviguer avec agilité dans cet environnement complexe. Nous utilisons ces compétences pour piloter l'entreprise de manière efficiente, en limitant les contraintes réglementaires là où cela est possible sans compromettre la sécurité des utilisateurs. C'est cette approche équilibrée qui nous permet de rester agiles tout en respectant les normes du secteur médical.

Quelle place a l’expérience collaborateur au sein de Japet ? Comment Japet révèle le potentiel de chacun ?

Au sein de Japet, l'expérience collaborateur est au cœur de notre culture d'entreprise. Nous croyons fermement que chaque membre de l'équipe possède un potentiel unique à révéler. Pour cela, nous encourageons un environnement de travail inclusif où chacun se sent valorisé et écouté. Nous offrons des opportunités de développement professionnel et nous veillons à ce que chaque personne trouve sa place et puisse contribuer pleinement à notre mission. C'est en capitalisant sur les talents individuels que nous construisons une équipe solide et performante.

Comment déployez-vous votre vision au sein des équipes ?

Déployer notre vision au sein des équipes implique de la clarifier constamment et de l'ancrer dans chaque aspect de notre travail quotidien. Nous mettons l'accent sur nos utilisateurs et clients, en nous assurant que notre vision se traduit concrètement dans nos produits et services. Nous encourageons la collaboration et le partage d'idées pour faire avancer cette vision collective. En fin de compte, c'est cet alignement autour de notre mission qui motive et guide nos équipes dans leur travail au quotidien.

Racontez-nous votre plus grand moment d’audace/de bluff dans votre parcours professionnel.

Un moment marquant d'audace dans mon parcours professionnel a été le lancement de notre entreprise dans le secteur médical. À l'époque, nous avons annoncé que notre exosquelette médical serait prêt et mis en production dans les deux ans à venir. C'était audacieux compte tenu des défis techniques et réglementaires à relever. Bien que cela ait pris deux ans de plus que prévu, cela démontre notre détermination et notre passion pour innover dans ce domaine exigeant.

Il y a toujours un revers de la médaille. C’est quoi la face cachée de la transformation de la medtech ?

La face cachée de la transformation dans le domaine des medtechs réside dans le défi du financement. Pour illustrer cela, notre entreprise a dû investir environ 4 millions d'euros avant de réaliser son premier euro de chiffre d'affaires. De plus, pour réussir notre pivot stratégique, nous avons dû réinvestir 2 millions d'euros supplémentaires. Cette exigence financière peut parfois être sous-estimée, d'autant plus que le secteur médical nécessite des investissements importants en raison des contraintes réglementaires et de la complexité des développements technologiques. C'est un aspect essentiel mais souvent méconnu de la transformation dans ce secteur.

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